mercredi 23 avril

17:14

Le Monde – La « bourgeoisie faite journal » en croisade contre la France insoumise

Le premier numéro du journal Le Monde paraît en 1944 sur les décombres du journal Le Temps, confisqué à la Libération, et dont il gardera longtemps la typographie et la mise en page. Aujourd’hui, Le Monde se veut le titre de référence d’une presse française dont il dénonce généralement les méthodes, le manque d’indépendance, les […]

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Le premier numéro du journal Le Monde paraît en 1944 sur les décombres du journal Le Temps, confisqué à la Libération, et dont il gardera longtemps la typographie et la mise en page. Aujourd’hui, Le Monde se veut le titre de référence d’une presse française dont il dénonce généralement les méthodes, le manque d’indépendance, les dérives droitières. Se gargarisant d’une autoproclamée « indépendance éditoriale totale et absolue », le journal fait figure d’autorité parmi les institutions et groupes sociaux bourgeois qui osent encore se revendiquer du progressisme.

Le Monde est impartial, neutre, indépendant. Le Monde est une référence fiable, mesurée, permet de dégager le vrai du faux. Le Monde est au-dessus de la mêlée. Soi-disant.

Mais cette unanimité doit interroger quiconque envisage l’État bourgeois non seulement par ses institutions politico-administratives et ses représentants élus, mais par les structures de la société civile qui permettent leur hégémonie et luttent pour fonder le discours dominant sur le discours des dominants. En miroir, cette lutte implique celle contre tout mouvement politique entendant renverser véritablement l’ordre établi. Dans cette perspective, Le Monde n’est rien d’autre, comme écrivait Jules Guesde à propos de son ancêtre du Temps, que « la bourgeoisie faite journal ».

Pour s’en convaincre, rien de plus éloquent que l’acharnement voué par Le Monde à la France insoumise dont l’ardeur n’a d’égale que la dévotion à la social-démocratie traîtresse. Car lorsqu’il s’agit de la France insoumise, exit la rigueur, la neutralité et le souci de la vérité du Monde, place aux sous-entendus diffamatoires, à l’alignement sur les termes de l’extrême droite et des complices du génocide des Palestiniens, au dénigrement de la gauche de rupture et à la partialité. Notre article.

Ce 21 mars 2025, nouvel édito de la honte

Ce vendredi, le très respectable et très rigoureux journal Le Monde se fendait d’un court édito anonyme intitulé « Antisémitisme : les mensonges de Jean-Luc Mélenchon ». En peu de mots, se multiplient les insinuations racistes, la diffamation et les abjects sous-entendus sans fondement à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise. Reprenant la propagande et les éléments de langage de l’extrême droite, Le Monde ment jusque dans le titre de son édito puisqu’il n’y mentionne à aucun moment un quelconque mensonge de Jean-Luc Mélenchon, et pas même le terme de « mensonge ».  

À la place, Le Monde sombre dans le racisme et l’islamophobie en évoquant une « population qui, y compris dans les quartiers populaires, est sensible aux préjugés antijuifs ». Se gardant bien de préciser ce qu’ils entendent par « population », les rédacteurs de ce torchon emploient à dessein une expression de l’extrême droite dont ils ne peuvent ignorer qu’elle est destinée à stigmatiser les musulmans, et plus largement tous les habitants des quartiers populaires, comme soi-disant intrinsèquement antisémites, et comme ayant besoin pour penser que l’on flatte les préjugés que Le Monde leur prête.

Pas davantage de précisions non plus, bien sûr, sur les « clins d’œil » que Jean-Luc Mélenchon adresserait à cette « population » à des « fins électorales ». Car si les rédacteurs de cet édito en venaient à expliciter leur pensée – ce que le manque de courage les empêchera de faire – ils seraient contraints d’assumer sans réserve d’interprétation le racisme qu’ils propulsent.

Cet édito évoque également une « rupture avec la longue tradition de lutte contre le racisme et l’antisémitisme de la gauche », un « renouement avec [des] dérives antijuives », les « dérives » de Jean-Luc Mélenchon, le « déni » de la France insoumise. Là encore, on n’en saura pas plus sur ces accusations que Le Monde ne fonde sur absolument rien, insinuations fielleuses qu’aucun élément – même fantasmé –, qu’aucune mise en cause, et bien sûr, qu’aucune condamnation, ne viendra corroborer.

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https://twitter.com/JLMelenchon/status/1903390035560337861

Comble de l’ironie, il est reproché à la France insoumise, par ces dérives dont on ne saura pas lesquelles elles sont, de « faire le jeu de l’extrême droite ». Alors que la France insoumise a massivement manifesté ce 22 mars partout en France contre l’extrême droite et ses idées et qu’elle est la force politique dotée du programme le plus ambitieux pour abolir le racisme et toute forme de discriminations, cette accusation est aujourd’hui courante dans la bouche et sous la plume de ceux qui craignent pour leurs propres intérêts et leur propre domination. 

Pour aller plus loin : Racisme et violences policières : les propositions de LFI pour une société de l’harmonie des êtres humains

Le Monde ou les mensonges et les obsessions contre la France insoumise comme tradition

Au-delà du cas de l’édito du 21 mars, l’obsession du Monde pour la France insoumise s’impose depuis des années avec une constance implacable. Ainsi, rien que le 21 mars, deux autres articles à charge contre la France insoumise paraissaient. L’un d’eux reprenait aussi dans son titre le discours de l’extrême droite et des soutiens du génocide en pointant la prétendue « dérive antisémite “insoumise” ». Puisque le ridicule ne tue pas, il y est même écrit, sans que personne à la France insoumise n’ait jamais amorcé le milliardième d’un tel raisonnement, que LFI considérerait Israël « pire que le nazisme ».

Ce mercredi 19 mars, un article rédigé par la spécialiste maison de diffamation de la France insoumise pointait le prétendu isolement dont serait responsable la France insoumise à Gauche. En janvier 2024, elle allait encore plus loin en rédigeant un article diffamatoire, en chœur avec l’extrême droite, intitulé « Antisémitisme : comment Jean-Luc Mélenchon cultive l’ambiguïté ». Ramassis de fausses accusations et de procès d’intentions, il ne se fondait sur rien d’autre que les interprétations de son autrice, lesquelles renseignent surtout sur ses propres biais racistes visant à voir d’abord les personnes juives par le prisme de leur religion.

L’été dernier, un autre édito reprenait les allusions racistes de celui paru ce 21 mars en prétendant que Jean-Luc Mélenchon exploiterait « les tensions consécutives au massacre des Palestiniens de Gaza pour conquérir des électeurs issus de l’immigration pendant les récentes campagnes électorales ». Jean-Luc Mélenchon y est par ailleurs décrit « comme coutumier des sous-entendus sur les juifs », là encore, bien-sûr, sans aucun élément de preuve. 

Lorsque Le Monde ne s’empare pas des éléments de langage de l’extrême droite en dévoyant et en instrumentalisant la lutte contre l’antisémitisme, il relaie les témoignages de militants, cadres ou anciens cadres de la France insoumise, étonnamment toujours anonymes, pour diffuser fausses informations qui ne seront bien sûr jamais confirmées.

Insistant à longueur de numéros sur le prétendu éloignement de la France insoumise du Nouveau Front Populaire en se gardant bien de mentionner celles et ceux qui ont jeté son scalp aux pieds d’Emmanuel Macron en refusant par six fois de voter la censure, Le Monde a aussi menti sur une manifestation dont il a prétendu à tort qu’elle était organisée par la France insoumise en 2022, et plus récemment sur la proposition insoumise de replacer le délit d’apologie du terrorisme dans le droit de la presse.

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Source : Le Monde – florilège non exhaustif

L’instrumentalisation de l’antisémitisme par Le Monde pour s’en prendre à la France insoumise fragilise la lutte contre l’extrême droite

En parallèle de ses diffamations quasi-quotidiennes contre la France insoumise, Le Monde pousse pour l’agenda de la gauche mort-vivante, d’une gauche qui se déshonore dans la complicité avec la Macronie et dans la minimisation du génocide des Palestiniens, d’une gauche de l’escalade guerrière en Europe, d’une gauche qui a abandonné l’antiracisme parce qu’elle avait foot.

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Source : Le Monde – florilège non-exhaustif

Alors que le déploiement des idées d’extrême droite dans les médias ne se borne pas aux plateaux de télévision et studios radio, alors que la presse écrite en est, elle aussi, victime, la position hégémonique du Monde dans les sphères bourgeoises se revendiquant progressistes ne doit pas empêcher d’ouvrir les yeux sur sa nature. 

Si Le Monde ne mène pas le même combat civilisationnel que la sphère Bolloré, son acharnement contre la France insoumise en tant que mouvement de rupture avec l’ordre bourgeois capitaliste, mouvement porteur d’un programme radical de lutte contre tous les racismes et toutes les discriminations, affaiblit la lutte contre l’extrême droite.

Par Eliot Martello Hillmeyer

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