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Près de 300 000 personnes ont manifesté dans plus de 150 villes, ce samedi 7 septembre, contre le coup de force d’Emmanuel Macron. Le 7 septembre, soit 48 heures après la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, approuvée par le RN. Notre article.
À Paris, ils étaient 160 000 – Dans le cortège, une ambiance déterminée
À Paris, ils étaient 160 000. Une masse, qui a dû emprunter, au départ de la place de la Bastille, à partir de 14 heures, l’étroite rue du Faubourg-Saint-Antoine, contenant avec peine les dizaines de milliers qui ont dû très souvent longuement patienter pour avancer. « Un monde fou ! À 16 h 15 nous avons à peine fait 300 mètres depuis Bastille », s’exclame une manifestante.
Ce qui s’est exprimé le 7 septembre avec force, au travers de la question du piétinement de la démocratie et du vote, pose la question du pouvoir, en témoignent les pancartes faites « maison » qui parlent de Macron en référence à la monarchie, au dernier roi de France et à ce qui lui est arrivé, à la Révolution française… L’intervention de Jean-Luc Mélenchon, à l’unisson de cette aspiration, a été bien appréciée.
Beaucoup de jeunes (lycéens notamment), beaucoup de gens de tous âges aussi, bien au-delà des cercles militants « habituels ». Le slogan repris avec le plus d’énergie, surgissant spontanément, sans consigne, c’est « Macron démission », encore et encore. Beaucoup de drapeaux LFI, bien sûr. Des militants insoumis font signer la pétition pour la destitution de Macron qui a déjà recueilli près de 286 000 signatures. Les drapeaux palestiniens étaient bien présents, avec un cortège rassemblé explicitement en soutien au peuple palestinien.
En régions aussi, des cortèges bien souvent importants ont également eu lieu (par exemple : 25 000 à Marseille, 15 000 à Lyon, 10 000 à Toulouse ou à Nantes, 8000 à Grenoble, 4 000 à 5 000 à Bordeaux, 3 000 à Saint-Nazaire, 2 000 à La Rochelle ou à Annecy, 1 200 à Angers, etc.)
Échos des manifestants enregistrés et mis en ligne par l’Insoumission
Irvin au micro de l’insoumission à Lyon (69) :
« Je manifeste de temps en temps, mais là c’est trop. Le climat, l’ambiance change, c’est plus véhément. J’entends beaucoup plus des termes comme révolution ou même guillotine, ce qui n’était pas le cas il y a un an encore. Je n’ai jamais autant été en colère contre l’État qu’en ce moment. Ca va très loin. On nous ch….dessus, faut le dire ! Et il faudrait accepter ça avec la complicité des médias et de tous les dirigeants. On se sent impuissants. Alors, on vient manifester, j’y tiens personnellement, mais pourquoi en réalité ? Est-ce que ça suffit ?
Barnier n’aucune légitimité, Macron a choisi son camp. Il a appelé au Front républicain et après il s’assoit dessus en faisant un front contre la gauche. C’est incroyable. On est les gens d’en bas qu’on méprise. Avec sept ans de Macron, la démocratie s’est considérablement dégradée. Ce qui me fait le plus peur, c’est les médias et leur complaisance avec le nouveau premier ministre, avec ce qui se passe depuis des mois. Ils veulent nous écraser, mais la gauche a quand même gagné les élections alors que c’était inespéré. »
Léa et Rayan, lycéens à Autun (71)
« On s’oppose complètement à la nomination de Michel Barnier, d’un Premier ministre de droite, ultra-minoritaire après les dernières élections. On souhaite qu’il soit censuré dans les prochaines semaines. On va continuer à se mobiliser et à rassembler le plus de jeunes face à cette situation ! »
Un militant du POI à Troyes (11)
« Je suis là pour protester et réclamer la destitution de Macron. Macron réalise une véritable forfaiture en nommant un premier ministre, issu du parti le plus minoritaire qui soit à l’Assemblée. C’est un véritable scandale ! Nous devons accompagner la pétition pour la destitution de Macron lancée par les insoumis d’une pression populaire. Sans cela, Macron s’accrochera à son poste, en digne valet des capitalistes et des financiers dont il est le fidèle serviteur. »
Laura et Camille à Montbard (21)
« On est en colère. C’est une honte ce qui se passe. Le NFP est arrivé en tête aux dernières législatives et Macron n’en a absolument pas tenu compte en nommant un premier ministre de droite. On est révoltés, on va continuer d’aller dans la rue, de manifester, il faut rester unis. Le responsable, c’est Macron. C’est lui qui doit s’en aller ! »
Pour aller plus loin : Destitution de Macron – Près de 300 000 personnes soutiennent la procédure enclenchée par LFI
Extraits de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon sur le camion de LFI dans la manifestation parisienne
« Après 1789, les députés ont décidé qu’au-dessus du peuple souverain, il n’y avait rien. Même pas le roi. Il n’y a aucune loi autre que celle qui vient d’en bas, du peuple. Voilà de qui nous sommes les héritiers. Dès lors, cette marche, comme les 150 autres dans le pays, à l’appel des organisations de jeunesse, est glorieuse ! Ils auraient aimé que ce soit la manif de Mélenchon comme ils l’ont répété pendant des jours quand ils font du bruit avec leur bouche en répétant les éléments de langage. C’est pire, c’est celle de la jeunesse ! (…)
Monsieur Macron, vous avez perdu, trois fois ! (…) Il n’aura pas de pause, pas de trêve. Ce sera une bataille de longue durée. Ne croyez pas qu’on puisse effacer le déni de démocratie. Quand en 2005, après que le peuple a voté NON, vous avez décidé que c’était OUI, vous avez violé la démocratie et provoqué un chaos qui n’a pas connu de trêve.
Il n’y aura pas de trêve face à la violence que vous êtes en train de faire. S’il n’y a plus aucune règle, alors vous entrez dans un monde où c’est la loi du plus fort, alors le plus fort dans ce pays, c’est son peuple. Ce n’est pas à lui de décider ce qu’est un gouvernement stable (…) mais à l’Assemblée nationale (…)
Je demande à voir quel député aurait levé la main pour dire « je suis contre l’abrogation de la réforme à 64 ans ». Ca, c’est la démocratie, chacun assume ses responsabilités (…) On devrait supporter « la France d’en bas » après avoir supporté « la France qui n’est rien ». Nous sommes fiers d’être d’en bas !
Quoiqu’il arrive, nous voterons la censure d’un tel gouvernement. Ceux qui se disent les représentants du refus du système et qui en sont en vérité l’assurance-vie la plus constante, le RN, petits larbins du pouvoir, vous ne voterez pas la censure pour être bien vus par les beaux quartiers ?
Le responsable de cette crise, dans toute la presse du monde, c’est Macron. Donc c’est lui qui doit s’en aller (La foule scande : « Macron démission ! Macron démission ! ») (…) Si vous nous dites que l’article 68 ne sert à rien, alors quel autre article utiliser ? Sinon dites-nous que vous nous appelez à lever des barricades, à désobéir matin-midi et soir à toute loi et tout règlement (…) Avec l’article 68, nous lui disons « va-t’en » et nous attendons de voir qui va lui dire de rester ? (…) Devant le monde entier qui nous regarde, nous disons : le peuple français, celui des rébellions, est entré en révolution ».