Raphaël Arnault. Le militant antifasciste, de tous les combats pour les droits humains et contre ceux qui les bafouent, vient d’être élu député du Vaucluse pour le Nouveau Front Populaire. Sous l’étiquette LFI, l’ancien porte-parole de la Jeune Garde antifasciste vient de battre le Rassemblement national en terres vauclusiennes, où le RN a remporté l’ensemble des autres circonscriptions.
Victime d’insultes, de mensonges, de menaces directes de l’extrême droite et de ses relais médiatiques, le jeune lyonnais a déjoué tous les pronostics en s’imposant dans la première circonscription du département, qui compte notamment la ville d’Avignon. Il est l’un des deux seuls à récupérer une circonscription à l’extrême droite en France, grâce à la mobilisation des jeunes et des quartiers populaires. À l’occasion de son entrée à l’Assemblée, L’insoumission revient sur ses combats et son parcours au service de la lutte pour un avenir en commun, contre les diviseurs du peuple. Notre portrait.
Raphaël Arnault, le lyonnais en lutte contre les violences de l’extrême droite
Raphaël Arnault est né à Lyon, bastion historique de l’extrême droite française, et y a passé la majeure partie de sa vie. C’est dans cette ville du Rhône où il débute ses longues années de militantisme, en voyant l’extrême droite et ses milices se déployer dans les rues. Adolescent déjà, alors qu’il accompagne sa mère enseignante dans les mobilisations contre la réforme des retraites, il voit pour la première fois des militants néonazis attaquer les manifestants et effectuer des saluts nazis. C’était en 2010. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer.
Étudiant en sciences politiques puis assistant éducatif, Raphaël Arnault commencera à militer en 2013, après la mort du militant antifasciste Clément Méric, tué par des skinheads. Cinq ans plus tard, en janvier 2018, il fonde la Jeune garde antifasciste à Lyon, et en devient son porte-parole dans la foulée. Il y luttera pendant plusieurs années contre les groupuscules violents d’extrême droite, au premier rang desquels Génération identitaire, finalement dissout en 2021 grâce à l’intense mobilisation des militants antifascistes.
Le groupe affirme son attachement à la lutte anticapitaliste et antiraciste, et sa volonté de coopération avec les différents mouvements de gauche. « Combattre les fascistes dans nos quartiers, dans nos facs, sur nos lieux de travail » : c’est l’objectif que se donne la Jeune garde, explique Raphaël Arnault. Son logo ? Les trois flèches orientées vers la gauche : celui des groupes socialistes des années 1930, illustrant leur triple combat contre les réactionnaires, le nazisme et le stalinisme ; avant de devenir le logo officiel de la SFIO.
En six ans d’action, la Jeune Garde est devenue incontournable dans la lutte contre la violence de l’extrême droite qui se multiplie dans les rues. D’abord lyonnaise, la Jeune Garde s’est peu à peu développée dans d’autres métropoles, à Paris, Strasbourg, Lille et Montpellier. Pour la fermeture des locaux des groupuscules néofascistes, pour la protection des manifestants, contre les idées de l’extrême droite. Son action, c’est avant tout une action au service du peuple.
Contre les fausses affirmations énoncées en plateau, Raphaël Arnault rappelle que la Jeune garde ne mène pas une action violente mais entend au contraire lutter contre les attaques de l’extrême droite qui, elles, violentent jour et nuit. Et des attaques physiques, Raphaël Arnault en a régulièrement subi. En 2021, il est frappé en plein jour par des membres du groupuscule néonazi Zouaves Paris, près de la gare de Lyon. Il a également fait l’objet d’attaques à plusieurs reprises en bas de chez lui, l’obligeant à changer de domicile. Bref, la lutte, Raphaël Arnault l’a chevillée au corps, et l’emporte avec lui de la rue jusqu’à l’Assemblée.
De la rue à l’Assemblée nationale : un seul et même combat antifasciste
Désormais élu député, Raphaël Arnault entend continuer à l’Assemblée nationale son combat antifasciste mené depuis tant d’années dans la rue. Car les idées d’extrême droite prospèrent partout : dans la rue, dans les institutions politiques, dans les médias. Raphaël Arnault a été sur tous les fronts. Sa présence à l’Assemblée nationale offrira une nouvelle voix qui porte au combat plus que jamais nécessaire contre le racisme et les violences de l’extrême droite, fût-elle institutionnelle. Et pour le nouveau député du Vaucluse, loin d’être incompatible, cette action institutionnelle vient compléter l’action de terrain des militants antifascistes.
Car depuis le 9 juin et le très haut score du Rassemblement national aux élections, la libération de la parole raciste dans l’espace public et politique a eu des effets très concrets sur la vie de millions de Français. Les agressions racistes se sont multipliées. Les groupuscules néonazis sont de plus en plus présents dans les rues, galvanisés par la progression de leurs représentants politiques. Dans la circonscription de Raphaël Arnault, à Avignon, une boulangerie où travaille un apprenti d’origine ivoirienne a été incendiée et taguée d’inscriptions racistes. D’autres lieux avignonnais, dont un local LGBTI et le siège de la CGT ont également été attaqués.
Bref, il y a urgence à faire reculer l’extrême droite et ses idées, Raphaël Arnault l’a bien compris. Sa victoire dans la Vaucluse est un premier pas vers la construction d’un large front social et antifasciste, aux côtés de la France insoumise qu’il a rejoint. Et pour cause, il est l’un des deux seuls députés du pays à ravir une circonscription à un député du Rassemblement national sortant. Une prouesse locale liée à la surmobilisation des quartiers populaires, que la France insoumise et le Nouveau front Populaire entendent bien élargir au reste du pays. Seul le surgissement politique de cette nouvelle France permettra de faire reculer le racisme et de construire l’alternative au macronisme et au lepénisme.
Face aux calomnies et aux attaques de l’extrême droite, la détermination de Raphaël Arnault reste intacte
Si Raphaël Arnault a été élu député, c’est en effet bien davantage grâce aux militants et aux quartiers populaires qui l’ont rejoint qu’aux grands médias. Eux ont passé le campagne à relayer les calomnies et les attaques venus de l’extrême droite. À la minute de son investiture, les chiens de garde du système ont tenté de salir le jeune candidat sur des bases approximatives. Leur principal outil ? La « fiche S » de Raphaël Arnault brandie par ses adversaires, dévoilée par des policiers à des médias d’extrême droite. Un outil éminemment politique, puisque le seul tort du député réside dans son engagement en faveur de la fermeture de lieux néofascistes et son action sans faille contre les actions de l’extrême droite cagoulée.
La condamnation médiatique et politique du côté des macronistes et de l’extrême droite a été totale. Pourtant, la fiche S ne témoigne d’aucune condamnation ou même d’actions effectives. Elle est un simple outil policier de recensement d’individus considérés comme potentiellement dangereux au regard de critères peu objectifs : leurs actes ou leurs soutiens à ces actes, mais aussi les personnes gravitant autour de ces individus. Pour la France insoumise, l’élection de Raphaël Arnault est une fierté : un combattant supplémentaire contre les députés racistes, islamophobes et négationnistes du Rassemblement national qui, eux, ne sont jamais interrogés à ce sujet.
Pour aller plus loin : « Fichés S » et autres fichiers de police : de quoi parle-t-on vraiment ? – Un article paru dans The Conversation
En réaction à une vidéo montrant un rassemblement néo-nazi aux slogans sans équivoque (« Je ne suis pas un n*gro », « J’aurais voulu être un nazi ») , Raphaël Arnault a affirmé sur X : « C’est pour avoir lutté sans relâche, en mettant parfois nos vies en danger, contre ce genre d’ordures nazies qu’aujourd’hui je me prends un fichage militant et un acharnement médiatique. Ce parcours est une fierté ! ». Il a ajout au micro de BFM : « J’espère que l’État ne passe pas son temps à ficher des personnes qui, comme moi, participe à des manifestations pour lutter contre l’extrême droite ou soutenir le peuple palestinien ».
Du haut de ses 29 ans, le militant antifasciste a donc réussi son pari : faire reculer le RN dans ses propres terres, et construire un front antifasciste dans tous les secteurs de la société. Faire reculer le racisme, la haine de l’autre, la division, la violence physique et morale, pour mieux construire un avenir en commun. Raphaël Arnault fait partie de ces 195 députés qui, avec le Nouveau Front Populaire, feront appliquer un programme de rupture pour tout changer. Parce que le capitalisme est le meilleur carburant du fascisme, le nouveau député du Vaucluse sera intransigeant avec les deux dans la bataille politique qui commence.