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Retraites : cet éboueur recadre un plateau de BFMTV

Retraites. « Moi j’ai pas envie de crever derrière la benne. On a des collègues qui sont maintenant inaptes. Certains n’arrivent même pas à l’âge de la retraite actuelle. Alors si on passe à 64 ans… Vous m’excuserez, je n’ai pas de langue de bois, si cette réforme passe, moi j’appelle ça une réforme d’assassin ! ». Ibrahim Sédibé, éboueur à Vitry-sur-Seine, vient de fracasser la porte du studio de BFMTV pour y apporter le réel. Comme ses collègues à travers tout le pays, il se bat contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. Après des dizaines d’heures de débat sur les poubelles s’amoncelant dans plusieurs villes du pays, BFMTV a enfin daigné inviter un travailleur essentiel.

Mais même quand Ibrahim Sédibé parle des conditions de travail très pénibles des éboueurs, la seule obsession des journalistes ? La vie réelle ? Les conditions de travail quotidiennes des invisibles ? Leurs conditions matérielles d’existence ? La poursuite ou non de la grève des éboueurs si le texte passe aujourd’hui. Car oui, en ce moment même, le Sénat se prépare à voter la retraite à 64 ans. Du côté de l’Assemblée nationale, les parlementaires ont rendez-vous à partir de 15 heures dans l’hémicycle. Majorité sur le texte ? 49.3 ? Dissolution ? Tous les scénarios sont sur la table dans la bulle de l’Assemblée. Heureusement, certains sont encore là pour ramener le réel en politique. Notre brève.

Retraites : « Je n’ai pas envie de passer derrière la benne » : le réel s’invite (enfin) sur le plateau de BFM

Enfin. BFMTV se décide à inviter un travailleur pour qu’il puisse s’exprimer sur les conséquences de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. Et pas n’importe lequel : un éboueur de Vitry-sur-Seine, Ibrahim Sidibé. Peut-être certains dans les salles de rédaction ont pensé que cela compenserait (un peu) les dizaines d’heures de débat sur les poubelles s’amoncelant dans différentes villes du pays, notamment la capitale. Le tout, sans parler une seconde des conditions matérielles d’existence de ces travailleurs.

Pour aller plus loin : Grève des éboueurs : 5 600 tonnes de lutte des classes

Ibrahim Sidibé est éboueur depuis 13 ans. Il est aujourd’hui chauffeur poids lourds, après avoir été à l’arrière de la benne pendant 8 ans. « Je peux vous dire que le métier qu’on fait, c’est un métier pénible. On a des collègues qui sont maintenant inaptes, certains qui n’arrivent même pas à l’âge de la retraite qui était avant, alors si on passe à 64 ans… », explique-t-il. Déjà un grand coup de pied dans la porte du studio de BFMTV pour y apporter le réel.

Ibrahim Sidibé continue : « Moi, je vous le dis très clairement, vous m’excuserez, j’ai pas de langue de bois, si cette réforme passe, moi j’appelle ça c’est une réforme d’assassin ! ». Conditions de travail très pénibles, risques d’accidents, des collègues qui n’arrivent pas jusqu’à la retraite… Mais la journaliste n’a qu’une seule question en bouche : « vous allez continuer votre mouvement, même si la réforme était votée ? »

« Mais absolument ! Franchement Madame, là on parle de la santé là, moi j’ai pas envie de crever derrière la benne ! » s’exclame Ibrahim Sidibé, recadrant ainsi l’ensemble du plateau de BFMTV. Puis il rappelle, à juste titre, que les éboueurs comme de nombreux travailleuses et travailleurs invisibles ont répondu présents pendant la crise du Covid-19. En remplissant leur mission, ayant ces métiers essentiels que les néolibéraux ne voient jamais, jusqu’à ce que les poubelles s’accumulent en bas de chez eux.

Ibrahim Sédibé de conclure : « Le président de la République, M. Macron, avec tout le respect que je lui dois : il est dans son bunker complètement déconnecté de la réalité. Ces gens-là, moi je les invite à venir exercer le métier avec moi, ne serait-ce qu’une journée. Et le lendemain, on verra ce qu’ils diront. » Chiche ?