Invité à analyser une étude sur le poids de la French Tech dans l’économie française, le ministre chargé du numérique a cru bon de vanter les bienfaits d’Uber pour l’emploi dans les quartiers populaires. Interrogé par le journal Les Échos sur la compatibilité du modèle des plateformes de types Uber avec le modèle social français, Cédric O précise : « il faut se garder de vouloir casser le modèle des plateformes. En arrivant, Uber a fait bien plus pour l’emploi dans les banlieues que trente ans de politique de la ville auparavant ! ».
Une déclaration qui a de quoi faire bondir. En effet, cette entreprise n’emploie en réalité que 149 salariés en France. Le reste de ses effectifs reste composé d’autoentrepreneurs précarisés. Des travailleurs qui ne bénéficient pas des mêmes droits et protections sociales qu’un salarié.
Depuis plusieurs années, les conditions de travail des chauffeurs et livreurs Uber sont dénoncés en France, mais aussi dans le monde entier. Des conditions insoutenables d’autant plus mises en lumière par la pandémie liée au Covid-19. Toujours pas considérés comme salariés, ces travailleurs sont pourtant directement sous la subordination de la plateforme. Dans plusieurs pays, la justice a finalement reconnu ce lien de subordination ainsi que les nombreuses contraintes imposées à ces employés. Elle a requalifié sur ces motifs les contrats précaires de prestation en contrat de travail.
Plusieurs élus se battent en France et dans le monde contre le modèle proposé par les plateformes. C’est le cas de l’eurodéputée insoumise Leïla Chaibi qui déplore un « esclavagisme à la sauce numérique » pour des travailleurs qui ne sont dans les faits ni réellement indépendants ni salariés.
Si la guerre contre ces plateformes et l’ubérisation de la société est bel et bien déclarée depuis leur arrivée, on constate avec les déclarations de Cédric O. qu’elles encore de solides alliés. La «Start-up nation» d’Emmanuel Macron en tête.
Par Maxime Charpotier.