Comme chaque année, la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie a lieu le 17 mai (1). À cette occasion, de nombreuses associations décident de publier des rapports sur le respect des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (LGBTI) à travers le monde. Pour la France sous Macron, ce n’est pas glorieux. Explications.
Cette semaine, la branche européenne de l’International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association (ILGA) a publié son classement annuel des pays européens en matière de respect des droits. Pour la deuxième année consécutive, la France voit sa note dégradée. En cause : le non-renouvellement par le gouvernement Macron-Philippe des plans de lutte contre les discriminations, mais aussi une non-prise en compte des revendications des associations de lutte pour les droits LGBTI. Retour sur une nouvelle d’autant plus inquiétante qu’elle intervient dans un climat de forte hausse des aggressions commises contre les personnes LGBTI (2).
La chute vertigineuse de la France
Classée 6e en 2018, la France est passée de la 9e place en 2019 à la 13e place en 2020, bien loin derrière Malte, la Belgique, l’Espagne ou le Montégro. Nommément citée dans le rapport, la chute de 6,8 points de la note de la France a de quoi inquiéter, car elle traduit le désintérêt de Macron et de son gouvernement pour l’égalité des droits et la lutte contre les discriminations.
Cette non-prise en compte de ces questions par la majorité macroniste inquiète l’Inter-LGBT — la plus grosse fédération française d’associations militant pour les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres. Dans son dernier communiqué, l’interassociative dénonce un « manque de réelle volonté politique [qui] se traduit aussi au Parlement » et rappelle « l’urgence de renouveler le plan national de lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT, co-construit avec les associations et ainsi donner une vision politique ambitieuse sur le long terme ».
La France insoumise dénonce la non-action du gouvernement
Ce constat des associations est partagé par La France insoumise. Dans son bilan à mi-mandat, l’équipe thématique « Droits Nouveaux – LGBTI » ne mâche pas ses mots : « le classement de l’ILGA traduit une réalité : sous Emmanuel Macron, l’exigence d’égalité et d’accès à de nouveaux droits ne dépassent pas le stade de la communication médiatique. La réalité est toute autre que les discours : les associations ne sont pas écoutées et les changements promis sont toujours à moitié concédés ou repoussés à une date ultérieure. »
Une attitude des macronistes qui contraste avec l’action des élu·es insoumis·es. À l’Assemblée nationale, les député·es insoumis.e.s agissent sans relâche pour contrer les LGBTIphobies au travers du groupe d’études sur les LGBTIphobies dans le monde, présidé par Bastien Lachaud et comptant parmi ses vice-présidentes et secrétaires Danièle Obono et Mathilde Panot. Ce groupe d’études transpartisan est à l’origine de travaux portant sur l’amélioration des conditions de vie des personnes intersexes ou encore sur la situation dramatique des personnes LGBTI en Tchétchénie — sujet sur lequel le gouvernement est demeuré muet. Les député·es insoumis.e.s poursuivent également ce travail par des commissions d’enquête comme celle, en cours, sur les thérapies de conversion, dont l’absence d’interdiction en France a notamment été pointée du doigt dans le rapport de l’ILGA. Lors des débats sur la Loi Bioéthique, les député·es insoumis·es ont été en première ligne, déposant plusieurs amendements pour redresser un texte lacunaire et discriminant.
On notera également la forte implication des parlementaires européen·nes insoumis·es sur ces questions. Plusieurs d’entre eux sont membres de l’Inter-groupe LGBT et participent à l’activité de ce groupe, en dénonçant les reculs des droits humains pour les personnes LGBTI comme en Ouganda ou en Pologne. Depuis leur élection, nos eurodéputé·es répondent ainsi aux engagements qu’ils et elles avaient pris devant leurs électrices et électeurs lors de la campagne européenne.
La France doit être exemplaire concernant le respect et la promotions des droits humains. La lutte contre toutes les discriminations fait partie du projet politique républicain. En se désintéressant de ces sujets, le gouvernement Macron-Philippe n’est pas à la hauteur de la devise de notre pays. Il ne répond pas non plus aux exigences des associations avec lesquelles il est indispensable de travailler pour construire une France où chacun·e puisse vivre sans avoir à craindre pour son avenir. L’augmentation des LGBTIphobies dans notre pays est un indicateur inquiétant. Il est plus que jamais d’actualité de changer de cap pour constuire un pays fort de ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité — un pays d’Avenir en commun.
Par Clément Verde