LOGEMENTS POURRIS : IL FAUT CHÂTIER LES MARCHANDS DE SOMMEIL

Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale le 2 avril 2019 pour dénoncer l’impunité des marchands de sommeil qui louent à des prix élevés des logements indignes. Le président du groupe « La France insoumise » a appelé à les châtier durement. Voici la retranscription de son intervention :

« Monsieur le ministre, l’effondrement d’immeubles rue d’Aubagne, qui vous est bien connu à Marseille, a mis en lumière le problème de l’habitat indigne et des taudis. C’est une situation d’incurie depuis plusieurs décennies qui a aboutie à un résultat tel que celui que nous avons dû déplorer.

Ce n’est pas une situation spécifique à la ville de Marseille, je veux tout de suite le souligner. La fondation Abbé Pierre parle de 600 000 logements pourris dans toute la France. Des propriétaires sans scrupules, sur lesquels je veux pointer le doigt aujourd’hui, exploitent la pauvreté pour louer à des prix exorbitants des logements mal chauffés, moisis ou minuscules.

Or, louer des taudis est illégal en France. D’après le code pénal, le délit d’hébergement incompatible avec la dignité humaine – c’est le terme qui est utilisé – est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. C’est dire que c’est pris au sérieux par le code pénal. Dorénavant, s’y ajoutent des peines complémentaires comme la confiscation des biens ou/et l’interdiction d’acheter un logement pendant 10 ans.

Pourtant, malgré l’ampleur du phénomène, les condamnations de marchands de sommeil se comptent sur les doigts de la main, et cela est déplorable. À Marseille, il y a 40 000 logements indignes mais on ne compte que 5 condamnations pour ce motif depuis 2012. Il s’impose l’idée qu’il existe une certaine impunité, sentiment renforcé par le fait que nous avons dû apprendre que certains élus étaient eux-mêmes des propriétaires de logements indignes qu’ils louaient. De fait, les marchands de sommeil passent entre les gouttes à cause du manque de moyens dans la police et dans la justice.

Je voudrais savoir si la guerre va être déclarée à ces criminels et si on va produire à leur égard une circulaire, à l’endroit des magistrats du parquet, pour lutter contre l’habitat indigne avec des consignes de fermeté, comme la Garde des Sceaux a pu en donner pour faire juger à la chaîne des gilets jaunes, ainsi que vous le savez, monsieur le ministre.

La vérité est que l’habitat indigne, lorsque nous en avons connaissance, vous, moi, n’importe qui dans cet hémicycle, nous soulève de dégoût et de tristesse pour les pauvres gens qui y sont condamnés et pour l’exploitation dont ils font l’objet. Monsieur le ministre, faites entendre une voix ferme pour faire comprendre à ceux qui s’en rendent coupables qu’ils seront bientôt châtiés. »