Retraites. Défait depuis le 7 juillet, isolé, et même « déprimé » selon ses proches, le chef de l’État n’est pas au bout de ses peines. Sa bête noire, les insoumis, qu’il entendait anéantir par la dissolution de l’Assemblée nationale, sont plus forts que jamais et n’entendent laisser aucune « trêve » au camp présidentiel. Faute d’un coup de fil d’Emmanuel Macron qui les appellerait à former un Gouvernement, les insoumis et leurs alliés entendent bien respecter le vote des Français qui les ont amenés à devenir la première force politique du pays.
Le programme, tout le programme, rien que le programme. En tête : l’urgence de l’abrogation de la réforme des retraites. C’est ce sujet que Mathilde Panot a remis sur le devant de la scène ce matin en annonçant le dépôt d’une proposition de loi pour abroger la retraite à 64 ans, ce vol de deux ans de vie imposé par Emmanuel Macron en 2023. Une proposition de loi à l’Assemblée, qui deviendrait un projet de loi gouvernemental dès lors qu’Emmanuel Macron se décidera à décrocher le combiné et à appeler les vainqueurs, les dirigeants du NFP, pour leur demander de former un Gouvernement. Dans un cas comme dans l’autre, la retraite à 64 ans a vécu. Notre article.
Retraite à 64 ans – « Nous avons la majorité pour abroger cette réforme. Chacun prendra ses responsabilités », déclare Mathilde Panot
Ce 23 juillet 2024, les insoumis et leurs alliés du NFP déposent une position de loi visant à abroger la retraite à 64 ans imposée par les macronistes, il y a un peu plus d’un an. Une annonce faite par Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire de LFI sur France Inter. « Nous avons la majorité pour abroger cette réforme. Chacun prendra ses responsabilités pour savoir s’il veut oui ou non faire tomber un gouvernement sur l’abrogation de la retraite à 64 ans », déclare-t-elle. « Nous pouvons y arriver car il y a une majorité disponible à l’Assemblée », souligne également l’insoumis Éric Coquerel, réélu à la tête de la Commission des finances de l’Assemble nationale.
À peine l’annonce d’une proposition de loi est émise que des procès en hypocrisie des adversaires de LFI fusent. Au RN, Jean-Philippe Tanguy insulte des insoumis d’« escrocs », ayant promis « l’abrogation par décret de la réforme des retraites avant les vacances ». Cela a peut-être échappé à ce député RN, le NFP est prêt à gouverner, mais Emmanuel Macron n’a toujours pas daigné se tourner vers la coalition de gauche pour l’appeler à former un gouvernement.
En effet, le chef de l’État s’obstine à ne pas accepter sa défaite et la victoire de la gauche unie sur un programme de rupture. « Une énième proposition de loi », accuse le député du Rassemblement National. D’un point de vue législatif, le NFP ne peut pas faire autre chose, sinon tout mettre en œuvre pour faire abroger cette réforme inique. De son côté, le parti d’extrême droite défend la retraite jusqu’à 66 ans. Quelles leçons a-t-il à donner à ce sujet ?
En 2023, la réforme des retraites d’Emmanuel Macron met la France dans la rue. Au pic de la mobilisation, c’est-à-dire le 7 mars 2023, 3,5 millions de personnes sont mobilisées dans le pays. 93 % des actifs sont contre ce vol de 2 ans organisé par le pouvoir macroniste, les syndicats sont unanimement contre, de nombreux blocages et grèves et manifestations émanent du pays des mois durant. Emmanuel Macron et ses sbires, isolés à l’Élysée, n’ont que faire de la plus grande mobilisation nationale depuis Mai 68. Alors Première ministre, Élisabeth Borne dégaine le fameux article 49.3 pour passer en force cette réforme. La raison ? L’absence de majorité à l’Assemblée nationale.
Le 8 juin 2023, l’horizon s’éclaircit. À ce moment, une proposition de loi prévoit d’abroger la retraite à 64 ans. Tout le camp présidentiel fulmine et bataille à coups de magouilles pour faire en sorte qu’elle soit jugée irrecevable. Cette étape manquée, ils parviennent à vider de sa substance sa proposition de loi. La proposition de loi visant à l’abrogation est retirée, la démocratie est humiliée une nouvelle fois. Aujourd’hui, les rapports de force ne sont plus les mêmes. Les macronistes sont défaits, le règne du chef de l’État est crépusculaire. Parce qu’il est la première force de l’Assemblée nationale, le NFP va batailler pour faire abroger cette réforme inique et refermer la brèche ouverte par Emmanuel Macron en 2023.
Pour aller plus loin : Réponse à Macron – Pourquoi le Nouveau Front Populaire est le plus légitime à gouverner le pays