Sainte-Soline Darmanin

Sainte-Soline : les 3 mensonges de Darmanin

Conspué pour sa politique chaotique, agressive et dangereuse du maintien de l’ordre à Sainte-Soline le 25 mars, Gérald Darmanin n’en finit plus de mentir. Lors de la conférence de presse du 27 mars, il a tout de même battu tous les records. En moins de 25 secondes :  mensonge sur les LBDs tirés depuis des quads, mensonge sur l’utilisation d’armes de guerre, mensonge sur l’accès des secours aux blessés. Dans n’importe quel pays démocratique, chacun de ces trois mensonges de Darmanin aurait dû mener à sa démission. En France, il n’en est rien. La dérive autoritaire du gouvernement Macron s’accentue. Notre article. 

Darmanin ment : Des LBD ont bien été tirés depuis des quads à Sainte-Soline

Si vous avez manqué cette conférence de presse, BFMTV en a tiré un extrait fort utile puisqu’il démarre exactement sur le premier mensonge de Darmanin. 


Dans une anaphore (dont on imagine combien elle a dû le rendre fier de lui-même), le ministre de l’Intérieur affirme : « Non, les gendarmes n’ont pas lancé de LBD en quad »

Un mensonge grossier. Voici une photo de LBD :

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Crédit : Daniel Baudouin

Et voici une capture d’écran de la vidéo des quads à Sainte-Soline, avec même la fumée blanche qui sort de l’arme. Dans la vidéo, on entend nettement la détonation.

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Oui, même sans être expert en matériel policier, c’est facile de voir que c’est la même arme. 

Gérald Darmanin a d’ailleurs finalement concédé qu’il avait menti. 6 premières secondes et un premier mensonge. 

Darmanin ment : des armes de guerre ont bien été utilisées à Saint-Soline

Nous arrivons à la 7ème seconde de l’extrait. Gérald Darmanin a donc assuré que « non, aucune arme de guerre n’a été utilisée à Sainte-Soline. Seules des armes intermédiaires ont été utilisées ».


Une nouvelle fois, c’est totalement faux. Il a fallu moins de 24 heures au service Checknews de Libération pour le démontrer. Emilie Schmidt, responsable programme et plaidoyer sûreté et libertés chez ACAT France, une ONG chrétienne contre la torture et la peine de mort explique : « «La classification d’armes est prévue dans le code de sécurité intérieure. L’article R 311-2 définit les armes classées en catégorie A2, soit les armes relevant des matériels de guerre ». Voici ensuite le tableau que l’on trouve dans l’article D11-17 de ce code. 

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Dans la catégorie A2, celle du matériel de guerre, on retrouve donc les GM2L (grenade instantanée et à double effet sonore et lacrymogène) les GENL (grenades à main de désencerclement) utilisées à Saint-Soline. Concernant les grenades lacrymogènes, elles ont la particularité, en plus d’appartenir à la catégorie A2, d’être interdites… en temps de guerre par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Les lanceurs de grenades sont également entrés dans la catégorie des matériels de guerre en 2022. 

Le cabinet du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a péniblement essayé de masquer ce mensonge ce matin du 29 mars. « GM2L n’est pas une arme mais une munition de force intermédiaire ». Sauf que… ce n’est pas du tout le propos. Munition de force intermédiaire n’est pas une catégorie du Code de la sécurité intérieure qui classifie les matériels de guerre mais se rapporte à l’instruction commune du directeur général de la gendarmerie nationale et du directeur général de la police nationale. Cela définit des armes « à létalité réduite ». Mais encore heureux ! Quel est le message ? Réjouissez-vous, on ne vous tire pas dessus à la kalash (ou au HK416) ? 

Cette grossière tentative de diversion n’est pas à la hauteur de la situation lorsque deux personnes, victimes de la répression policière, sont dans le coma à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Pour conclure sur l’analyse de ce deuxième mensonge de Darmanin, parole à Aymeric Elluin, chargé du plaidoyer « armes » chez Amnesty International : « si ces armes sont classées parmi le matériel de guerre, ce n’est pas une lubie. C’est qu’elles sont reconnues comme étant suffisamment dangereuses pour faire l’objet d’un régime d’exception : c’est-à-dire qu’on ne peut pas les exporter librement, sauf licence d’exportation, ni les acquérir pour soi-même. »

Darmanin ment : les autorités policières ont empêché les urgences vitales d’accéder au blessé le plus grave 

Nous arrivons au mensonge le plus grave. Car il s’agit de masquer la responsabilité de l’autorité policière, autorité qu’il dirige en tant que ministre de l’Intérieur, dans la suite des événements qui ont conduit à ce qu’un manifestant soit actuellement dans le coma, entre la vie et la mort. 

Seconde 17, Gérald Darmanin affirme : « Non, les forces de l’ordre n’ont pas empêché les secours d’intervenir ». Cette information est immédiatement relayée par le compte de la gendarmerie nationale avec ce lettrage rouge : alerte fake news.

Cette déclaration visait à répondre aux accusations de la part de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et d’une urgentiste (attention, les blessures décrites peuvent être choquantes) présentes dans la manifestation. Les observateurs de la LDH comme la médecin étaient sur place. Ils affirmaient avoir échangé avec le SAMU par téléphone. Le service d’urgence leur aurait affirmé avoir reçu l’ordre de ne pas expédier un SMUR (service d’aide médicale urgente) par hélicoptère malgré la gravité des blessures constatées sur la personne aujourd’hui en urgence vitale et dont le pronostic vital est toujours engagé.

Ce mardi, Le Monde publie la retranscription de l’enregistrement entre un médecin puis les avocats de la LDH qui réclament des secours d’urgence et le standard du SAMU. Mediapart a révélé les bandes sonores :

Les phrases prononcées sont accablantes pour l’autorité policière dont M. Darmanin assume la responsabilité politique. On entend nettement le Samu dire : « On a eu un médecin sur place et on lui a expliqué la situation, c’est qu’on n’enverra pas d’hélico ou de SMUR sur place, parce qu’on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre. »

Le ministre de l’intérieur a donc gravement menti. Les forces de l’ordre ont bien empêché les secours d’urgence d’intervenir. 

3 mensonges graves qui s’ajoutent à un dossier déjà lourd : quand est-ce que Darmanin dégage ? 

Dans tous les pays démocratiques, le parjure, le mensonge sont des actes graves. Notamment venant de personnes exerçant un pouvoir politique. Est-il étonnant que l’abstention atteigne des sommets si la parole politique est totalement vidée de sa valeur par des hommes comme Gérald Darmanin qui accumulent mensonge sur mensonge sans aucune sanction ? 

Dans n’importe quelle démocratie, une tromperie aussi grave, qui implique la mise en danger directe de la vie d’autrui, aurait conduit à la démission du ministre. Dans la France gouvernée par Emmanuel Macron, celui-ci ne vaut à Darmanin pas même une remontrance de la part de celui qui l’a choisi pour ce poste dont la mission devrait être d’assurer la paix civile. 

Il est urgent que le peuple puisse intervenir directement pour contrôler l’action de ses représentants. Avec le référendum révocatoire, avec la possibilité d’organiser un vote pour lui faire perdre son mandat de député, un individu comme M. Darmanin y réfléchirait sans doute à deux fois avant de salir la vérité, de détruire le lien de confiance des citoyens avec les institutions et de mener ainsi la France vers le chaos.  

Crédit photo illustration : Jacques Pasquier – Gérald Darmanin-2

Par Ulysse