Le 24 mars, Jean-Luc Mélenchon était l’invité de l’émission « Elysée 2022 » sur France 2. Alors qu’Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer ont déjà annoncé leurs prochaines offensives contre l’école publique, le candidat de l’Union populaire a pu déployer certaines de ses propositions pour une autre école, pilier d’un autre monde. Notre article.
Le candidat de l’Union populaire, on le sait, a l’expérience de l’enseignement. D’abord professeur de métier, puis ministre de l’Enseignement professionnel, le candidat de l’Union populaire a sa copie propre en matière de propositions pour l’École, à l’inverse des brouillons annoncés par les autres candidats en lice.
« Je propose la gratuité de la cantine » : Mélenchon
Conscient qu’on ne peut pas étudier sereinement le ventre vide, le leader insoumis a rappelé sa volonté de rendre gratuite la cantine scolaire, une idée forte pour avancer vers une sécurité sociale de l’alimentation. Rappelant le constat, grave et alarmant, de 8 millions de personnes contraints de recourir à l’aide alimentaire, le candidat de l’Union populaire a déclaré avec force : « Je veux être certain que les gosses mangent ». Il a aussi fait la jonction de cette proposition, avec justesse, avec l’importance de rendre biologique et locale la cantine scolaire en recourant aux circuits courts.
Cette mesure aurait bien sûr un objectif de santé publique, en luttant contre l’obésité et les plats trop gras ou trop sucrés. Elle serait également bonne pour l’environnement puisqu’elle favoriserait les circuits courts, l’alimentation biologique et limiterait les protéines carnées. Aussi, comme déjà rappelé par le député des Bouches-du-Rhône lors des précédents débats, cette mesure serait aussi viable pour l’économie puisqu’elle rendrait du pouvoir d’achat aux familles et soutiendrait les petits agriculteurs. Enfin, elle faciliterait le vivre-ensemble et le respect des convictions religieuses ou philosophiques de chaque famille en proposant systématiquement une alternative végétarienne équilibrée. Une mesure d’autant plus juste lorsque l’on sait qu’en milieu aisé, les enfants sont trop fois plus nombreux à aller à la cantine que dans les quartiers défavorisés. Bien souvent, c’est le prix qui constitue une barrière pour les familles les plus fragiles.
Dans son programme, Jean-Luc Mélenchon va plus loin en proposant une véritable gratuité de l’éducation : non seulement les cantines mais aussi les manuels scolaires, des sorties scolaires, des fournitures. Indispensable quand on sait que 40 % des Français éprouvent des difficultés pour faire face aux dépenses liées aux enfants.
« On consacre si peu de temps à former les enseignants »
Après avoir été interrogé par les journalistes de France 2 sur des questions orientées ciblant les étudiants de confession musulmane, le candidat de l’Union populaire a rappelé l’importance de la formation des enseignants. Il a dénoncé le problème de la politique éducative focalisée sur le « niveau disciplinaire », et non la formation et la transmission des savoirs.
Comme précisé dans sa lettre adressée aux enseignants, publiée ce jour, le candidat de l’Union populaire souhaite améliorer le niveau de formation tout en recrutant 160 000 professeurs supplémentaires. Contre la pénurie des vocations, le candidat de l’Union populaire a dit son souhait de revenir sur le recrutement des institutions à bac +5 afin que dès la sortie du bac « les enseignants soient payés tout en se formant ».
Au programme figure aussi la titularisation de tous les contractuels de l’Éducation nationale pour en finir avec la précarité de 200 000 personnels, ainsi qu’une revalorisation salariale à hauteur de 15% pour tous les enseignants. La proposition est cohérente et fondée sur le constat, grave et alarmant, que comme tous les fonctionnaires, le traitement des enseignants souffre du gel du point d’indice décidé en 2010 sous Sarkozy, poursuivi par Hollande et Macron. Mieux valoriser leur métier est la condition de la qualité pour un service public d’éducation sur le long terme. Enfin, le programme des insoumis prévoit le recrutement de 160 000 enseignants dont 60 000 dès l’arrivée au pouvoir.
A 18 jours du 1er tour de l’élection présidentielle, le candidat favori de la gauche – désormais estimé à 15% dans les sondages, soit à 2 points du second tour – a confirmé qu’il est le seul candidat crédible pour reconstruire l’école publique, pilier de l’édifice républicain.