PAC + COP 26 = désastre climatique

Quelques jours après l’échec de la COP 26, qui acte une trajectoire chaotique de +2.4°C, le Parlement européen approuve une réforme de la Politique agricole commune catastrophique, qui nous emmène droit dans le mur en niant l’urgence climatique, environnementale et sociale. Malgré cela, les dirigeants européens osent encore se féliciter de grandes avancées pour le climat, une attitude révoltante qui se doit d’être dénoncée. Notre article. 

La COP 26, un échec cuisant pour la planète

Ce matin au Parlement européen avait lieu un débat sur les résultats de la COP 26 à Glasgow. Résultats… pour ainsi dire inexistants, puisqu’encore une fois, ce grand rendez-vous international n’a abouti sur aucun engagement contraignant de la part des Etats participants. Or on le sait, sans contraintes, les belles paroles ne se transforment jamais en actes. 

Tous les journaux titraient sur l’échec de la COP 26. Ce qui n’a pas empêché la Commission européenne de saluer de prétendues grandes avancées. “La COP 26 a permis des progrès clairs” selon Frans Timmermans, Vice-Président de la Commission européenne, pour qui le but de cet événement était de “commencer à appliquer l’accord de Paris”. Accord, rappelons-le, signé en 2015. Six ans après, nous en sommes donc à écouter les dirigeants européens se féliciter de commencer à avancer dans la bonne direction. Pendant ce temps la planète brûle.

Malgré leurs efforts pour masquer la terrible réalité dont ils sont responsables, nous savons maintenant ce qu’il en est. Nous savons que leurs belles promesses ne mènent jamais nulle part et que leur “bla bla” ne permettra pas de limiter le changement climatique. Nous connaissons aussi les raisons de ce manque d’ambition climatique. D’une part, les dirigeants sont incapables d’envisager la remise en question d’un système capitaliste destructeur, car eux ont tout intérêt à le préserver compte tenu des avantages qu’ils en retirent. Ensuite, ce genre de grands événement international est systématiquement gangréné par les lobbies, présents en masse et dont le but majeur est d’empêcher tout changement pouvant nuire un tant soit peu à leur secteur. Ainsi, alors que les élu.es de notre délégation présent.es à Glasgow rencontraient des activistes pour le climat ou des peuples autochtones, la grande majorité des dirigeants s’entretenaient avec des banques ou des compagnies pétrolières dont les logos recouvraient les murs. Avec 503 représentants des industries fossiles étaient accrédités, cette COP était en réalité une “Conférence des Pollueurs”. 

Des lobbies tout aussi présents pour saccager la PAC

Le goût amer laissé par cet échec à peine dissipé, un autre chapitre d’une importance capitale pour le climat s’achève, celui de la Politique agricole commune. Cette fois encore, pas de happy end : la réforme de la PAC approuvée hier par le Parlement européen est désastreuse, malgré le maintien du budget agricole européen consacré aux régions ultrapériphériques, pour lequel s’est battu Younous Omarjee. “Réforme” est, là encore, un bien grand mot, car il s’agira finalement de poursuivre dans le système agricole destructeur actuel jusqu’en 2027. Un système responsable de plus de 20% des émissions de gaz à effet de serre en France, un système dans lequel un agriculteur se suicide tous les deux jours, un système principalement à l’origine de la sixième extinction de masse, un système où la souffrance animale est généralisée… 

La réforme de la PAC, c’est 270 milliards qui finiront captés par l’agro-industrie, dont les lobbies ont été plus que jamais mobilisés pour s’assurer que rien ne change. Leur funèbre mission est réussie : cette PAC signe à coup sûr un arrêt de mort pour des milliers de petites exploitations au profit de l’agriculture intensive. Avec cette PAC, le montant des aides aux plus grandes exploitations est potentiellement illimité tandis que le paiement forfaitaire pour les petits agriculteurs est rigoureusement plafonné à un montant dérisoire de 1 250 euros par an. “Une honte et une trahison” pour reprendre les mots de Manuel Bompard. 

Ne laissons pas les responsables du désastre s’abriter derrière l’opacité du sujet, nommons-les. D’abord, la Commission européenne, dont la proposition législative de 2018 – qu’elle n’a jamais voulu revoir – nous a mis sur de très mauvais rails. Ensuite, le Conseil de l’UE, c’est-à-dire les gouvernements des Etats membres, et en particulier le gouvernement Macron, représenté par le ministre Julien Denormandie, ont largement contribué à saper toute ambition écologique. Enfin, la droite du Parlement européen, LREM, LR, RN, dont tous les élus français (moins une abstention) ont voté en faveur de la réforme. Ensemble, ils ont offert la PAC – autrement dit l’argent du contribuable – aux lobbys agro-industriels. 

Un Green Deal européen qui n’a de vert que le nom

Ces mêmes personnages ne cessent de se féliciter du prétendu Pacte vert européen, dont la clef de voûte est le Paquet climat également appelé “Fit for 55”. Un paquet dont même le titre pose problème car l’objectif de réduction de -55% de nos émissions de gaz à effet de serre ne permettra jamais de maintenir la planète en dessous d’un réchauffement de 1,5°C.  Les prochains mois seront décisifs car ils détermineront les grandes politiques européennes pour lutter contre le changement climatique. Sans surprise, la tournure prise est affligeante, à commencer par les tentatives de la France de faire passer le nucléaire et le gaz comme des énergies vertes. 

Mettons-nous d’accord, au vu de l’urgence climatique et des prévisions des scientifiques, nous ne pouvons plus nous permettre que ces professionnels de la peinture verte prennent les décisions politiques. La lutte pour conserver une planète viable s’annonce rude. Mais il faut garder espoir et envahir le champ politique. “Ne dénoncez plus seulement ceux qui brûlent la Planète :  remplacez-les !” disait ce matin Manon Aubry dans l’hémicycle.

Des solutions existent : signer un traité de non-prolifération des énergies carbonées, créer un pôle public de l’énergie, flécher les aides européennes vers les productions agroécologiques locales, en finir avec les accords de libre-échange climaticides, mettre en place des outils juridiques pour tenir les multinationales responsables de leurs nuisances, développer le transport public décarboné, mettre en oeuvre la planification écologique et instaurer la règle verte et ainsi ne plus prendre à la nature plus qu’elle ne peut reconstituer… La bifurcation écologique est possible, mais ne pourra avoir lieu qu’en passant par une transformation radicale du système actuel et par des changements structurels, qui ne pourront voir le jour sans réelle volonté politique. 

Ces changements, nous n’arrêterons jamais de nous battre pour les obtenir.