Jean-Luc MELENCHON. Deambulation festive de plusieurs centaines de membres de la France insoumise dans les rues de Marseille (du Prados au cours Julien) a l'issue de la deuxieme journee des universites d'ete du mouvement (AMFis) - Marseille, 24 aout 2018.

Sondage 2022 : Mélenchon conforté en tête de la gauche

Jean-Luc Mélenchon candidat le mieux placé à gauche. L’information est confirmée par un sondage Harris Interactive paru ce mercredi 16 juin 2021. Le leader des insoumis est en tête à gauche, quelque soit les configurations testées.

L’intense séquence de bashing anti-Mélenchon, relayée par la quasi intégralité du champ médiatique et politique ces derniers jours, n’a donc pas portée ses fruits. Jean-Luc Mélenchon est estimé à 11%, largement devant les autres candidats de gauche : Anne Hidalgo (7%), Yannick Jadot (6%), Fabien Roussel (2%) et Philippe Poutou (1%).

Dans le scénario d’une « candidature unique », testée par Harris Interactive mais fortement improbable dans la réalité, là encore le leader des insoumis est en tête. Jean-Luc Mélenchon est donné à 13%, mais il faut noter que l’institut de sondage ne comptabilise pas les scores de Fabien Roussel (3%) et de Philippe Poutou (2%). Si on inclue ces scores, le pôle de rupture est donc estimé à 18%.

Des bizarreries sondagières

Le choix de l’institut de sondage d’exclure Fabien Roussel et Philippe Poutou d’une improbable « union de la gauche » n’est pas neutre. On constate aussi que les voix à gauche ne s’additionnent pas. Anne Hidalgo est par exemple testée comme candidate unique, et même dans cette hypothèse, la Maire de Paris n’atteint pas la barre des 10%. Elle est estimée à 9% en cas d’«union», contre 7% en cas de candidatures séparées.

Notons l’arrivée d’un petit nouveau, testé dans un sondage Ifop publié pour Le Point : Éric Zemmour. Ce dernier est estimé à 5,5%. Fait notable, le polémiste d’extrême droite semble prendre des points à l’ensemble des candidats de gauche, mais pas à Marine Le Pen. Difficile d’imaginer des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (-2%), Anne Hidalgo (-2%) ou Yannick Jadot (-1%) constituer le cœur de l’électorat du polémiste de CNEWS.

Notons enfin que Harris interactive « corrige » le score de Jean-Luc Mélenchon en lui enlevant 3 points, partant du principe que l’abstention sera plus forte chez les électeurs insoumis. Sans ce procédé de l’institut de sondage, le candidat le mieux placé à gauche est donné à 14,2%.

Mélenchon, candidat de l’union populaire

La tendance observée depuis de longs mois se confirme donc : Jean-Luc Mélenchon est de loin le candidat le mieux placé à gauche. Et le leader des insoumis est en train de développer une stratégie potentiellement beaucoup plus rassembleuse que celle d’une hypothétique « union de la gauche » alors même que les voix à gauche ne s’additionnent donc pas. Cette stratégie du leader de la gauche, c’est celle de l’union populaire.

9 Français sur 10 sont pour l’augmentation du SMIC, la garantie d’emploi, la création d’un pôle public du médicament, le conditionnement des aides publiques aux entreprises à des contreparties sociales et environnementales, l’interdiction du glyphosate. 8 Français sur 10 sont pour le rétablissement de l’ISF, la taxe sur les profiteurs de crise, un grand plan d’investissement dans les services publics (en particulier la santé), pour que les premières quantités d’eau soient gratuites, le plafonnement des frais bancaires, la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle, les parrainages citoyens pour l’élection présidentielle, l’interdiction des publicités pour des produits polluants. 7 Français sur 10 sont pour la retraite à 60 ans, la proportionnelle aux législatives, le référendum d’initiative citoyenne (RIC), la sortie du nucléaire. 6 Français sur 10 sont pour la semaine de 4 jours, le RSA jeune, l’interdiction du travail détaché, des fermes usines, et pour la 6ème République.

Des mesures portées par… l’Avenir en commun, le programme des insoumis qui a déjà rassemblé 7 millions d’électeurs et près de 20% des voix en 2017. Ces mesures soutenues par une immense majorité de Français constituent donc une base (très) intéressante pour la stratégie d’union populaire portée Jean-Luc Mélenchon. Au regard de ces chiffres, on comprend mieux l’incroyable séquence de bashing anti-Mélenchon : le candidat le mieux placé à gauche fait peur au système. Sa marge de progression autour de ces mesures largement soutenues est grande. Encore plus dans le cadre d’une campagne présidentielle. On sait que le tribun tire à chaque fois bénéfice de ces séquences où la politisation est de loin la plus forte dans le pays. En 2012, Jean-Luc Mélenchon est ainsi passé de 3% à un an du scrutin, à 11% dans les urnes. En 2017, de 11% à un an de l’échéance, à près de 20% et 600 000 voix du second tour. Cette fois-ci Jean-Luc Mélenchon part pour la première fois en position de leader de la gauche. Il faut donc s’attendre à de nouvelles séquences de bashing anti-Mélenchon de la part du système. Pas certain cependant qu’elles soient efficaces.

Par Pierre Joigneaux.