Députée jetée au sol par la police : Castex s’en fiche

Le 27 mai 2021, la députée insoumise Bénédicte Taurine a été violemment jetée au sol par un policier dans le cadre d’une mobilisation des agriculteurs contre la nouvelle politique agricole commune (PAC) dans le 20ème arrondissement de Paris. Les images de la députée en écharpe tricolore violemment poussée dans le dos et projetée au sol ont fait le tour des réseaux sociaux et provoqués une vague d’indignation jusqu’au Vice-Président de l’Assemblée nationale. Pourtant, le gouvernement n’a pas l’air choqué. Interpellé sur le sujet ce 1er juin 2021 à l’Assemblée nationale par Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre a fait preuve d’un incroyable dédain. Notre article.

Vague d’indignation jusqu’au Vice-Président de l’Assemblée nationale

Une députée en écharpe tricolore violemment jetée au sol par un CRS. La scène s’est déroulée le 27 mai à l’occasion d’une mobilisation des agriculteurs contre la nouvelle politique agricole commune (PAC) dans le 20ème arrondissement de Paris. Venue soutenir les agriculteurs, Bénédicte Taurine, députée insoumise de l’Ariège, s’est vu violemment poussée dans le dos par un CRS. La violence du geste, et son imprévisibilité (dans le dos !), a propulsée la députée sur le trottoir.

Ces images d’une députée ceinte de son écharpe tricolore envoyée au sol par un policier auraient été encore inimaginable il y a quelques mois. Elles traduisent de manière glaçante la dérive actuelle du pouvoir macroniste. Elles ont provoquées une vague d’indignation sur les réseaux sociaux allant de Jean-Luc Mélenchon à Hugues Renson, Vice-Président de l’Assemblée nationale : « La violence employée à l’endroit d’une élue de la Nation, arborant son écharpe tricolore, est inqualifiable et inadmissible. »

L’incroyable dédain du Premier ministre

Pourtant, le gouvernement n’a pas l’air choqué. Pire, le Premier ministre, interpellé sur le sujet ce 1er juin à l’Assemblée nationale par le Président du groupe insoumis, a fait preuve d’un incroyable dédain. Jean-Luc Mélenchon l’avait pourtant interpellé avec des mots forts : « Monsieur le Premier ministre, Bénédicte Taurine, députée de l’Ariège, est empêchée de vous poser cette question. Elle se remet des violences délibérées qu’elle a dû subir de la part d’un policier qui l’a jeté à terre et de ceux qui l’ont ensuite frappé du pied et du poing. C’était à l’occasion d’une charge lancée sans sommation et d’ailleurs sans motif compte tenu du caractère parfaitement pacifique de l’action syndicale qui était en cours. D’ailleurs elle agissait ceinte de son écharpe tricolore qui signalait sa qualité. (…) Je vous demande, monsieur le Premier ministre, de mettre le holà publiquement et fermement à ces comportements. »

Le Président du groupe LFI a rappelé au Premier ministre qu’en France, comme dans toutes les démocraties du monde, la liberté d’action d’un parlementaire dans le cadre de son mandat, est première dans la hiérarchie des normes et nul n’a le droit de s’y opposer. Le leader des insoumis a fait appel, comme bien souvent, à l’Histoire. Jean-Luc Mélenchon a rappelé que cette inviolabilité est acquise aux élus depuis la première élection en 494 avant notre ère des premiers tribuns du peuple et elle fut confirmée par le premier vote de la première assemblée des premiers députés de 1789. Les députés de la majorité de ricaner face à l’évocation de la grande Révolution en lançant au leader des insoumis « vous y étiez ». Le ministre de l’intérieur de secouer la tête avec mépris.

Mais le pire restait à venir ce 1er juin dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale : la réponse du Premier ministre à Jean-Luc Mélenchon : « Ni policier ni député n’est au-dessus des lois de la République. Je rappelle que la manifestation n’avait fait l’objet d’aucune déclaration. Elle a donné lieu à une occupation illégale, évacuée par les forces de l’ordre dans les formes prévues par la loi. » Une députée poussée dans le dos et jetée au sol par un policier, une « forme prévue par la loi » ? Des agriculteurs pacifiques venus demander un dialogue avec le gouvernement face à la gravité de leur situation, un agriculteur se suicidant tous les deux jours, matraqué et gazés en guise de réponses ? La dérive autoritaire de ce gouvernement et le mépris de son Premier ministre atteignent des sommets à un an de l’élection présidentielle. Tous « ceux qui ne sont rien » aux yeux des macronistes, agriculteurs comme députés de l’opposition, piétinés par la police pour avoir osé exercer leur droit, tous les républicains choqués par la dérive actuelle du gouvernement, n’oublieront pas.

Par Pierre Joigneaux.