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Jeunesse : Le Pen et Macron ont le même programme

Le 1er mai dernier, Marine Le Pen a dévoilé les grandes orientations de son programme pour la jeunesse. Prêt à taux zéro pour remplacer les aides sociales, chèques en blanc aux entreprises, baisse des impôts sur les donations/héritages : un programme tellement proche de celui de Macron qu’il est surprenant qu’aucune plainte pour plagiat n’ait été déposée.

« En matière sociale et économique, c’est une feuille de papier à cigarette qui sépare le Rassemblement national des macronistes. »

Alors qu’il défendait sa proposition de loi visant à étendre le Revenu de solidarité active aux moins de 25 ans ce 6 mai 2021 dans le cadre de la niche parlementaire des insoumis, François Ruffin a mis le Rassemblement national et la Macronie devant l’évidence qu’ils rejettent : ils ont la même vision de la jeunesse.

Un programme pour la jeunesse dorée

« Je veux dire aux citoyens de ma circonscription que ce que propose le Rassemblement national n’est qu’un variant du libéralisme : il ne s’agit que du visage raciste du macronisme. »

Lorsque l’on grandit dans un château comme c’est le cas de Marine Le Pen, il est difficile de proposer autre chose que des mesures en faveur de la jeunesse bourgeoise. Pour les jeunes les plus pauvres, le Rassemblement national ne propose aucune aide. Que l’on vive dans une cité populaire de la Courneuve ou à Aubazine en Corrèze, le RN n’apportera rien.

Dans une France où 74% des jeunes ont eu des baisses de revenus, où 20% sont en dépression et où 50% des pauvres ont moins de trente ans, Marine Le Pen fait le choix d’aider les riches.

Sa première mesure phare, pour les jeunes entrepreneurs, elle promet « une dotation en fonds propres égale à ses propres apports ». Autrement dit, si vous êtes en mesure de mettre des millions d’euros sur la table, l’Etat dépensera également des millions pour vous. Par contre, si vous ne pouvez mettre que peu, l’Etat de ne vous aidera pas davantage et mettra la même somme que vous. Le RN ne prête qu’aux riches.

Ensuite, Marine Le Pen promet de réformer la fiscalité sur les donations. Pour lutter contre les inégalités et donner plus aux pauvres ? Evidemment non. Elle propose tout bonnement de baisser les taxes sur les successions, de quoi favoriser la reproduction sociale dans le pays.

Marine Le Pen, la future ministre de la Jeunesse de Macron

Opposés à la levée des brevets, favorables à l’austérité et au remboursement de la dette, cela fait plusieurs mois que les convergences idéologiques entre RN et LREM se multiplient. L’écoute du programme du RN pour la jeunesse confirme cette tendance et a de quoi faire douter sur les intentions lepeniste. On ne sait plus très bien si Marine Le Pen souhaite être Présidente en 2022 ou si elle cherche à décrocher un poste de ministre de la Jeunesse dans le Gouvernement d’Emmanuel Macron. Pour cause, 100% des mesures proposées sont « Macron-compatibles ».

Baisse de l’impôt sur les héritages : une promesse de Bruno Le Maire

Marine Le Pen souhaite « Une évolution de la fiscalité des successions et des donations qui sera tournée vers une plus grande mobilité du capital entre les générations. » Loin d’être originale, cette mesure d’inégalité sociale a été proposée par Bruno Le Maire en mars. Ce dernier proposait alors de baisser les impôts sur les successions afin que les parents et grands-parents puissent « donner quelques milliers d’euros sans aucune taxe, sans aucun impôt. »

Au-delà de la convergence LREM/RN, il serait bon de leur rappeler qu’il n’existe aucune taxe jusqu’à 100.000€ de dons, et que 87% des Français reçoivent moins de 100.000€ d’héritage. Leur projet est de faire profiter ceux qui profitent déjà, les 13% d’héritiers les plus riches du pays.

Payer le salaire des apprentis : une mesure mise en place par Elisabeth Borne

Le plan « 1 jeune 1 solution » du Gouvernement prévoit de donner aux entreprises entre 5.000 et 8.000€ pour l’embauche d’un alternant, de sorte à prendre en charge « la quasi-totalité du coût de l’embauche d’un apprenti la première année ». Une mesure non-ciblée qui n’a jamais prouvé son efficacité. Mais ce n’est pas ce qui arrête Marine Le Pen. La native de Neuilly reprend l’idée et présente « un chèque formation destiné aux entreprises qui prennent en formation un jeune. » Le copier/coller quasi parfait du Gouvernement.

Prêts à taux zéro : une copie de la grande idée de Stanislas Guérini

Enfin, plus c’est gros plus ça passe. Marine Le Pen est même allée jusqu’à plagier la proposition fumeuse du chef d’En Marche Stanislas Guérini, avec « des prêts publics plafonnés à taux zéro [qui] seront octroyés aux jeunes ».La ressemblance avec le « capital jeune » de Guérini, « un prêt de 10 000 euros à taux zéro » est frappante.

Le RN et En Marche partage la même vision des aides sociales : un passage par les banques et l’endettement des jeunes.

Bonus : les deux partis sont contre le RSA jeune

Durant l’étude de la Proposition de loi des insoumis sur le RSA jeune, les trois seuls députés à avoir demander la suppression de la mesure sont un député de droite, la députée macroniste Cloarel-Le Nabour et Marie-France Lohro… députée investie par le Rassemblement national !

Face aux files de jeunes devant les collectes alimentaires, face à la détresse des étudiants, le Rassemblement national et la République En Marche n’ont rien à proposer.

La France insoumise est de loin la seule alternative pour sortir nos jeunes de la misère financière et morale.

Là où les libéraux de LREM et du RN souhaitent poursuivre une politique paternaliste et libérale en faisant reposer sur les familles la charges des jeunes adultes créant ainsi des inégalités entre pauvres et riches, et en favorisant la reproduction sociale, l’Avenir en commun propose de faire passer les aides aux jeunes de la solidarité familiale à nationale.

En ce sens, au-delà de l’urgente extension du RSA à tous les jeunes dès 18 ans, l’Avenir en commun, le programme des insoumis, porte la Garantie dignité : la revalorisation des minimas sociaux pour que plus une seule personne en France ne vive en dessous du seuil de pauvreté. Chacune de ces deux aides permettront aux jeunes de ne plus vivre en situation de précarité. C’est le premier pas pour leur permettre de s’émanciper et de s’insérer dans la vie d’adulte, sans être guidés par l’urgence et la faim.

Par Damien Maudet.