Les colombiens appellent au secours : le président Ivan Duque massacre son peuple

Si la pression de la rue a obtenu le retrait de la réforme fiscale du gouvernement d’Ivan Duque, la contestation ne faiblit pas en Colombie, après bientôt une semaine de mobilisations qui ont fait des centaines de blessées et plusieurs morts. Après avoir annoncé la militarisation du pays pour empêcher l’extension des protestations populaires contre sa politique néolibérale, le président d’ultra droite colombien a fait massacrer son peuple : dans la nuit du 3 au 4 mai 2021, les militaires ont mis le feu aux habitations et sont entrés dans les maisons pour lacérer les opposants. Les ONG sur place appellent au secours et sur Twitter et via tous les canaux possibles, le peuple alerte la communauté internationale.

Depuis le 28 avril, des centaines de milliers de personnes manifestent dans les plus grandes villes de Colombie (Bogota, Medellin et Cali) et dans d’autres plus petites agglomérations, contre le projet de réforme fiscale d’Ivan Duque, qui vise à collecter près de 6,3 milliards de dollars entre 2022 et 2031 et qui appauvrirait encore davantage le peuple colombien. En pleine crise sanitaire et économique, les travailleurs colombiens et la jeunesse rejettent massivement ce projet, qui veut faire payer aux plus modestes et à la classe moyenne la mauvaise gestion de la pandémie par le gouvernement. Les syndicats d’ouvriers, d’enseignants, les étudiants ainsi que des associations indigènes ont appelé à la grève générale, approuvée par la majorité de la population.

Car si c’est bien la réforme fiscale qui a mis le feu aux poudres, les colombiens ont bravé la troisième vague du Coronavirus dans un mouvement général de contestation anti-gouvernemental. Le message inscrit sur la pancarte de deux jeunes femmes est révélateur et relayé partout dans le monde : « Si les gens descendent dans la rue pendant la pandémie, c’est que le gouvernement est plus dangereux que le virus. »

Les raisons de la mobilisation couvrent un large spectre et sont les mêmes que celles de la grande grève de novembre 2019 et des protestations de novembre 2020. Entre autres : que les soins de santé soient renforcés, que l’accord de paix soit respecté, qu’un revenu de base soit garanti et que l’inscription soit gratuite pour les étudiants. D’autres points incluent des vaccinations plus rapides et une aide aux petites entreprises.

Et cette fois, en plus du retrait de la réforme fiscale, les manifestants exigent que les militants sociaux et les opposants politiques soient protégés : les assassinats et les massacres se sont multipliés depuis l’arrivée au pouvoir de Iván Duque en 2018. 41 massacres ont eu lieu dans le pays, tuant 210 personnes, selon les chiffres de Ideas para la paz en septembre 2020.

La police colombienne assassine

Depuis la semaine dernière les manifestants se confrontent aux forces de l’ordre, qui répondent par une répression sanglante : selon les données du ministère de la Défense et du Défenseur du peuple, le bilan fait état, à ce jour, de plusieurs centaines de blessés et au moins 17 morts. Une répression violente qui rappelle celle du mois de novembre 2020 au bilan très lourd : 11 morts et près de 250 blessés. Déjà à ce moment-là, l’ancien président corrompu Álvaro Uribe avait appelé le gouvernement à « décréter l’état de siège et à faire intervenir l’armée avec les chars et à virer les vandales étrangers ».

Le 1er mai 2021 dans un discours prononcé en fin de journée, Ivan Duque a annoncé que l’armée serait déployé « pour protéger la population » et « jusqu’à ce que les troubles graves à l’ordre public cessent », précisant que « l’assistance militaire entrerait en vigueur dans les centres urbains où il existe un risque élevé pour l’intégrité des citoyens et où il est nécessaire d’employer la pleine capacité de l’État pour protéger la population ».

De nombreuses personnalités ont rejeté « l’offre d’assistance militaire », comme la maire de Bogota Claudia Lopez opposée à l’ESMAD (police anti émeute répressive) : « Les messages irresponsables d’Alvaro Uribe ont (littéralement) déclenché la tension. Nous ne permettrons pas que nos jeunes soient massacrés. Après de nombreux efforts, nous avons réussi à retirer l’ESMAD de tous les points et à garantir le retour à la maison. »

À l’international, des figures politiques soutiennent la protestation et dénonce le déploiement de l’armée dans les rues sous prétexte de protection et de sécurité pour la population. Jean-Luc Mélenchon a relayé les appels des ONG sur place à une mission internationale pour enquêter et punir les crimes de la police colombienne : 

Le dimanche 2 mai, Ivan Duque, sous la pression populaire, a annoncé le retrait de la réforme fiscale. Gustavo Petro, l’ancien maire de Bogota et ancien candidat à la présidentielle face à Ivan Duque, a remercié le peuple : 

« Le peuple colombien a gagné. Cette victoire populaire est la sienne, il a appris la force de sa propre action collective. Il a gagné en confiance en lui-même et en la possibilité de changer l’histoire. Merci aux jeunes, merci aux gens qui travaillent dur. »

La contestation ne faiblit pas, malgré le retrait de la réforme et l’intervention de l’armée

Après l’annonce, les rassemblements ont continué dans tout le pays. À la répression des forces de l’ordre d’une violence inouïe, s’ajoute celle des forces armées demandée par le président Ivan Duque. Des militaires et paramilitaires mandatés pour réprimer tout les militants associatifs, syndicalistes et indigènes. Dans la nuit du 3 au 4 mai, la répression a tourné au massacre. Sur son compte Twitter, Gustavo Petro a relayé des images des violences commises par la police et les paramilitaires. Ces derniers brûlent les maisons pour faire sortir des manifestants, tirent à vue et tabassent. Des images d’une atrocité inouïe.

« Ils incendient les maisons de Cali. Le monde doit découvrir cette barbarie de Duque et de son patron Uribe. »

Aux revendications contre les réformes libérales et agressives du président d’ultra droite colombien, s’ajoutent donc des revendications de justice et de vérité pour toutes les victimes tabassées, blessées ou tuées par les militaires, par la police, par le gouvernement.

Les militants partout dans le monde appellent à la solidarité internationale avec le peuple colombien, massacré pour avoir exprimé sa détresse face au régime qui veut faire payer la crise aux classes populaires et à la jeunesse.

Le peuple colombien a besoin du soutien international pour mettre fin aux violations des droits de l’homme opérées par le gouvernement. La France doit réagir. Le silence d’Emmanuel Macron et de l’UE est insupportable.

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