La Ville de Paris est sur le point d’abandonner le théâtre de verre, lieu culturel associatif, auto-organisé et populaire situé dans le 19e arrondissement de Paris. Nos quartiers ont pourtant un énorme besoin de tels lieux de création.
Le Théâtre de Verre est né de l’association Co-Arter, qui a été fondée en 1998, en plein essor de la mouvance des squats parisiens. Cette association est aujourd’hui hébergée à l’espace Jean Quarré, non loin de la Place des Fêtes, dans le 19e arrondissement de Paris.
Depuis 2007, l’association Co-Arter, gérant le Théâtre de Verre, bénéficie de conventions d’occupation précaire avec la Mairie de Paris qui lui met à disposition, moyennant un loyer modéré, une friche. En contrepartie, le Théâtre de Verre est bien plus qu’un théâtre : cette association fait vivre un commun artistique, c’est-à-dire un lieu à la disposition de tous, hors de la prédation du profit que le capitalisme érige en règle. Dans le lieu de 1400 m2, 7 salles de répétition accueillent la venue de centaines d’artistes, des représentations, concerts, expositions, des agoras, des bals populaires…
Ce tiers-lieu alternatif, auto-organisé et populaire est précieux en ce qu’il a pour vocation d’être un lieu du commun, pour les Parisiens comme pour les travailleuses et travailleurs de l’art, qui y trouvent un espace de travail (notamment pour les répétitions) non sélectif (c’est-à-dire sans appel d’offre et à prix très abordable). Dans notre société où tout se marchandise – la culture ne faisant pas exception à cette règle -, et où les lieux de création sont fort rares, on mesure combien le Théâtre de Verre est un endroit irremplaçable.
Par le passé, à chaque fois qu’une friche était restituée par l’association Co-Arter, la Mairie en mettait une autre à disposition de l’association. En 2018, la Ville de Paris a annoncé son intention de faire déménager le Théâtre de Verre vers une autre friche. Puis, coup de tonnerre le 4 février 2021 : un recommandé de la Direction du logement et de l’Habitat signifie avec une immense brutalité son “congé” à l’association sous trois mois (c’est-à-dire avant le 4 mai 2021), et l’interruption de la mise à disposition de la friche. Ce recommandé signifie donc la mort pure et simple du Théâtre de Verre, puisqu’aucune solution de localisation alternative n’est proposée par la Ville de Paris.
Cette (absence de) vision de la culture de la Mairie de Paris n’a rien d’étonnant. Nous évoquions déjà sur l’insoumission, au sujet du cinéma La Clef, situé dans le 5e arrondissement de Paris. Quand il s’agit de soutenir les travailleuses et travailleurs de l’art, la Ville est présente. Mais le soutien à ces travailleurs, décimés par la gestion libérale du Covid-19, ne saurait se réduire à des mots. À Paris comme ailleurs, il faut une politique culturelle cohérente et conséquente.
Ce type de lieux est vital, à l’heure où la plupart des artistes sont de plus en plus renvoyés à la marge et précarisés, où les arts et la culture subissent toujours plus l’emprise du marché, la loi de la rentabilité et le règne de la finance.
Pour permettre une culture par toutes et tous, il est urgent, ainsi que le propose la France Insoumise, d’ouvrir des lieux de travail pour tous les artistes, mais aussi de mettre les associations au cœur de l’action culturelle sur tout le territoire dans l’espace public, et leur donner, par des conventionnements durables, les moyens financiers adaptés afin de remédier à l’absence d’équipements culturels.
Le Groupe Culture de la France Insoumise, aux côtés de Danielle Simonnet, conseillère de Paris, de Danièle Obono, députée de Paris et de Michel Larive, député siegant à la commission culture, apporte son plein soutien à ce lieu, et demande à la Ville de Paris de reloger le Théâtre de Verre. Il appelle également à être présent-es en nombre au rassemblement qui aura lieu le mercredi 10 mars 2021 rue Lobau derrière l’Hotel de Ville, et à soutenir le Théâtre de Verre en signant cette pétition.