Assurance chômage : en pleine crise sociale, une saignée pour satisfaire l’Union européenne

Malgré la consternation des syndicats qui dénoncent une réforme injuste et dangereuse pour la protection des travailleurs, et alors que la population subit une crise sociale majeure, le gouvernement continue de vouloir faire passer en force sa réforme de l’assurance chômage. Une réforme punitive et stigmatisante pour les millions de personnes sans emploi, au nom de l’austérité, une vision que partage le gouvernement avec les financiers de l’Union européenne.

Stigmatiser les chômeurs pour camoufler l’incapacité d’instaurer le plein emploi

L’assurance chômage est un régime social qui vise à compenser les pertes de salaires. Impulsé en 1958, c’est un système national qui est financé par les cotisations des employeurs, par l’impôt et la CSG. Le chômage n’est ni un privilège, ni un luxe. C’est un droit dont bénéficie toute personne qui a travaillé et qui se retrouve sans emploi. Ce filet de sécurité est éminemment important puisque, sans revenu lié à l’activité, il permet à des millions de personnes en difficultés de ne pas sombrer dans la pauvreté.

Le projet proposé par Macron s’attaque frontalement à ces indemnités, tout en osant même vanter une réforme égalitaire. Etrangement, l’égalité se fait en économisant 2,3 milliards d’euros ! Fondée sur une réduction des allocations pour plus de 40% des allocataires,  et sur un durcissement de l’obtention des indemnités, la réforme stigmatise les demandeurs d’emplois qui sont vus par ce gouvernement comme des parias qui profitent de l’argent public. 

Cette réforme de l’assurance chômage, c’est donc la réduction des allocations, la culpabilisation et la paupérisation des personnes privées d’emploi, et le passage en force d’une réforme décriée même par les économistes qui en sont à l’origine. Elle n’est de toute évidence, comme l’a souligné Mathilde Panot dans l’hémicycle, “pas une réforme pour lutter contre le chômage.. Mais contre les chômeurs”. 

Au-delà de la chasse aux chômeurs fomentée par les macronistes, une chasse qui mériterait plutôt d’être faite du côté de ceux qui se gavent, le gouvernement cherche aussi à répondre au chantage de l’Union européenne : un plan de relance en échange de programmes d’austérité !

Satisfaire la demande de l’Union européenne : l’austérité avant tout

Le 09 avril, Mediapart révèle les contours du programme français de stabilité. C’est un document envoyé chaque année par les Etats membres qui présente la stratégie et la trajectoire décidées par les gouvernements pour leurs finances publiques. Et la pente décidée pour la France est claire : faire revenir le déficit public en dessous des 3% du PIB d’ici à 2027 (une règle absurde existant depuis 1992, via le Traité de Maastricht).  En d’autres termes, il en est fini du “quoi qu’il en coûte” ! 

Quelques jours plus tard, on découvre sans surprise que le plan de relance soumis par la France à l’Union européenne, annonce qu’en échange des financements européens (les fameux 750 milliards du plan de relance), la France s’engage à mettre en œuvre la réforme des retraites… Et celle de l’assurance chômage. Des économies drastiques réalisées sur le dos des précaires, et présentées comme une évolution sociale par Elisabeth Borne : l’indécence est à son comble. 

Au programme : « resserrement des conditions d’ouverture des droits » & « durcissement de la dégressivité des allocations« . Une fois de plus, on ne peut que constater que le but de cette réforme n’est que purement financier, et ne répond en rien aux besoins des personnes au chômage, ni à celui du plein emploi. 

Ainsi, au lieu de mettre à contribution les profiteurs de crise, le gouvernement Macron s’entête à vouloir faire payer la facture du plan de relance aux plus démunis : des retraites basses et variables qui dépenderont de la conjoncture économique, et des chômeurs amputés d’une importante partie de leurs allocations. 

Sous réserve de répondre au plein emploi, le vrai plan des macronistes apparaît donc clairement : de l’austérité sur plusieurs années, servi sur un plateau à l’Union européenne !

Un autre modèle est possible : celui du partage du temps de travail et de la solidarité ! 

Si Macron et ses sbires ne pensent qu’à satisfaire leurs riches amis, tous ne partagent pas ce constat. Non, l’austérité, l’inégalité et le non-respect des droits humains n’est pas la seule voie qui existe. Parce que le chômage n’est pas une fatalité, que la privation d’emploi est loin d’être volontaire et constitue un gâchis de talents pour la France, la France Insoumise porte un autre modèle économique, où toutes et tous pourront s’y retrouver et vivre sereinement dans des conditions de vie décentes: 

  • la réduction du temps de travail dans la semaine avec une incitation des entreprises à passer aux 32 heures, 
  • la réduction du temps de travail dans l’année avec une sixième semaine de congés payés,
  • la réduction du temps de travail tout au long de la vie avec le retour de la retraite à 60 ans, 
  • le renforcement de la place de Pôle emploi dans l’accompagnement des personnes privées d’emploi, notamment dans les choix de réorientation professionnelle, 
  • que l’Etat soit employeur en dernier ressort de toute personne privée d’emploi, afin d’accompagner la transition écologique de la France.

Oui, un système basé sur la solidarité et le partage équitable du temps de travail est possible. C’est que défend la France insoumise depuis des années dans son programme l’Avenir en Commun: Travailler moins, pour travailler mieux et travailler tous !

Il faut mettre un terme définitif à l’ultra richesse des uns, qui se nourrit du désarroi des autres ! Les profiteurs de crise doivent participer à l’effort à hauteur de leurs moyens : cessons de faire payer par des réformes injustes ceux qui ont moins ! Il est temps de construire une société du progrès social et humain, avec comme pilier le principe de la solidarité entre les êtres humains.